Le réseau Ethereum, dont dépend l’Ether, deuxième plus importante crypto monnaie au monde par capitalisation boursière, est sur le point de connaître le plus gros changement de son histoire : le passage d’une Blockchain suivant un protocole de preuve de travail à une Blockchain suivant un protocole de preuve d’enjeu.
Cette mise à jour du réseau Ethereum aura un impact significatif sur la consommation énergétique de la Blockchain, sur ses capacités de gestion des transactions, ainsi que la structure du marché et le prix de l’Ether (ETH).
La première avancée a été réalisée le 6 septembre 2022 avec l’opération Bellatrix et elle sera suivie de l’opération Paris avant la fin du mois.
Bien que la fusion puisse profiter à la plupart des utilisateurs et à une nouvelle catégorie de mineurs, elle inquiète aussi certains acteurs qui pourraient être les grands perdants de cette nouvelle Blockchain.
Ainsi, les mineurs qui avaient jusque-là assuré la viabilité du réseau se retrouvent pénalisés, alors que de nombreux utilisateurs craignent que la sécurité et l’intégrité de la crypto monnaie soient menacées.
Décryptage d’une révolution dans le monde des crypto monnaies.
C’est quoi « The Merge » sur Ethereum ?
En termes techniques, « The Merge », ou la fusion, est la mise à jour qui permet à la crypto monnaie Ethereum de passer d’une Blockchain de preuve de travail (Proof of Work ou PoW) vers une Blockchain de preuve d’enjeu (Proof of Stake ou PoS) – ces deux systèmes étant deux manières différentes d’authentifier et de valider les transactions sur un réseau.
Avec le protocole de consensus preuve de travail, la transaction est validée par le mineur qui trouve, le plus rapidement possible, le moyen d’insérer une transaction dans un nouveau bloc en résolvant un problème mathématique complexe. La puissance de minage se traduit par le hash, qui correspond à la capacité des mineurs à générer des transactions dans le réseau.
La preuve d’enjeu, elle, change radicalement le mécanisme de validation des transactions. Ce protocole permet en effet de valider une transaction de manière plus rapide grâce à un processus de staking (immobilisation de jetons pour devenir validateur et obtenir des récompenses). Il est important de noter que les validateurs sont sélectionnés au hasard.
La Fondation Ethereum demandera d’avoir immobilisé une quantité de 32 ETH pour faire partie de la liste des candidats à la validation d’un bloc. Cette somme représente l’équivalent de 54 000 € au moment de l’écriture de cet article en septembre 2022.
Ce passage de la preuve de travail à la preuve d’enjeu permettra d’augmenter significativement l’efficacité du réseau et son évolutivité.
« Miser des ETH et devenir validateur est plus simple que de miner (ce qui sécurise actuellement le réseau). Et nous espérons que cela contribuera à améliorer la sécurité d’Ethereum sur le long terme. Plus le nombre de participants sera élevé sur le réseau, plus celui-ci sera décentralisé et à l’abri des attaques » peut-on lire sur le site Ethereum.
Source : La chaîne phare | ethereum.org
Alors que la crypto communauté a longtemps parlé d’Ethereum 2.0, de nombreuses annonces de mises à jour du réseau ont été faites depuis la fin de l’année 2020. Cependant, les moyens techniques pour faire évoluer le réseau d’une crypto monnaie aussi importante sont colossaux, ce qui a entraîné un certain retard dans la mise en place de la fusion.
Les étapes de « The Merge »
La transition d’un type de Blockchain à l’autre nécessite plusieurs étapes et la mise en place de mesures spéciales. Ainsi, le 6 septembre 2022, la première grande étape de la fusion, nommée « Bellatrix », a été réalisée. Elle est suivie de l’étape « Paris » dans les 10 jours suivants.
L’étape Bellatrix s’est faite grâce à la beacon chain, chaîne phare en français, spécialement conçue pour l’occasion. Elle permet d’introduire le protocole de preuve d’enjeu sur le réseau Ethereum. En outre, la beacon chain est responsable de la sélection aléatoire des validateurs pour sécuriser le réseau.
Néanmoins, cette étape est une mauvaise nouvelle pour les mineurs d’ETH qui ont investi dans du matériel de minage très performant. En effet, si la sélection aléatoire des validateurs est désormais la règle pour valider les transactions sur le réseau Ethereum, alors la rémunération ne se fait plus selon le « mérite » du mineur, mais selon le hasard.
Enfin, l’opération Paris, qui débute dans la deuxième quinzaine de septembre, finalise la transition complète de la mise à jour de la Blockchain Ethereum. Au 10 septembre 2022, la beacon chain comptait déjà près de 425 000 validateurs actifs.
Les avantages de « The Merge »
La fusion était très attendue par la communauté. En effet, malgré quelques inconvénients et limites, cette mise à jour devrait profiter à la plupart des acteurs du marché.
Le premier avantage est que le passage à la preuve d’enjeu permet de maintenir, voire d’augmenter légèrement, la rapidité du réseau. Avant le 6 septembre 2022 (date de la première étape de transition vers la nouvelle Blockchain), le nombre de transactions par seconde du réseau Ethereum était de 13.
Après la fusion, le nombre de transactions réalisables devrait être significativement plus élevé. Puisque les moyens nécessaires à la validation d’un bloc seront moins importants, cela devrait augmenter mécaniquement la quantité de transactions traitables par le système dans son ensemble.
Enfin, la sécurité d’un réseau utilisant la preuve d’enjeu est assurée à mesure que le nombre de validateurs augmente.
Dans sa présentation de la beacon chain, Ethereum précise que le risque de collusion entre les acteurs et la prise de contrôle d’un fragment (corruption des transactions) a « moins d’un milliard de chances » de se produire.
Un grand nombre d’acteurs sur le réseau diminue en effet la probabilité de tomber simultanément sur des validateurs malhonnêtes qui peuvent, pour ainsi dire, corrompre le réseau.
Vers un réseau Ethereum plus écologique ?
On reproche souvent aux crypto monnaies leur consommation énergétique, au moins de certaines d’entre-elles. Les deux premières crypto monnaies mondiales, le Bitcoin (BTC) et l’Ethereum (ETH), se partagent en effet à elles seules près de 60 % de toute la consommation énergétique du marché, c’est-à-dire à peu près autant que leur part de marché.
D’après Polygon (MATIC), la mise à jour « The Merge » pourrait sensiblement réduire les émissions de carbone du réseau Ethereum. Sans oublier que « The Merge » ne profite pas seulement à Ethereum, mais à l’ensemble des projets, des jetons et des Blockchains reliés au réseau Ethereum.
Dans son tweet, Polygon déclare : « On estime que la fusion annule 99,91 % des émissions de carbone du réseau Polygon, réduisant le total annuel à seulement 56,22 tCO2e ».
Plusieurs spécialistes se sont penchés sur la question de la réduction de la consommation énergétique du réseau.
D’après le chercheur Carl Beekhuizen de la Fondation Ethereum, la consommation de l’Ethereum pourrait être réduite de plus de 99 % grâce à la mise à jour du réseau. Cela représenterait une économie de consommation d’énergie équivalente à celle de 2,7 millions de Français (en considérant une émission de carbone par Français de 4,6 tonnes par an).
Sur ce seul aspect, « The Merge » est une révolution en tant que telle.
Les critiques souvent adressées concernant le caractère polluant des crypto monnaies devraient donc être significativement moins importantes dans l’avenir, ce qui pourrait constituer un moyen supplémentaire de démocratiser des crypto monnaies.
Quels risques pour les utilisateurs d’Ethereum ?
Ethereum n’est pas seulement Ethereum. C’est aussi l’une des références de tout un marché !
En effet, le réseau Ethereum sert à la fois les applications de Finance Décentralisée (DeFi), les stablecoins, tout comme les NFT et de nombreux autres projets du marché. Cette mise à jour peut donc entraîner certains risques qui concernent bien plus que le réseau Ethereum.
Dans un tweet critique sur l’Ethereum, Maggie love rappelle que plus de la moitié des nœuds du réseau Ethereum sont hébergés chez Amazon, 15 % chez Hetzner et 4,1 % chez OVH.
Pour rappel, les nœuds désignent les ressources informatiques qui assurent le stockage et la validation des données. La mise à jour d’Ethereum s’appuyant sur une sélection aléatoire des mineurs augmente aussi les risques que le réseau se retrouve très centralisé chez certains hébergeurs.
Le risque de centralisation n’est pas seulement informatique, il est aussi juridique.
Parmi les acteurs de la beacon chain, on retrouve le spécialiste du staking Lido (30 %), suivi de Coinbase (14,6 %) ou encore de Kraken et de Binance (15 %). Par catégorie, les acteurs du réseau sont des baleines (gros acteurs) pour 11,5 %, des plateformes d’échange pour près du tiers des contributeurs (31 %), ainsi que des plateformes de staking pour plus de 40 % !
D’après certaines estimations, près de deux tiers des acteurs de la beacon chain seraient d’accord avec l’autorité américaine Office of Foreign Assets Control (OFAC). En d’autres termes, la présence de régulations plus fortes chez les acteurs du réseau Ethereum suffirait à faire basculer ce dernier.
Enfin, se pose la question du coût.
Puisque la mise à jour « The Merge » n’augmentera pas (ou peu) le débit des transactions sur le réseau, elle ne devrait pas diminuer massivement le coût des transactions sur le réseau.
Jusqu’à ce jour, le coût des transactions sur la Blockchain était un inconvénient majeur d’Ethereum – et devrait le rester. Malgré la réduction de la consommation énergétique, les frais à verser pour valider une transaction resteront probablement similaires à ceux actuellement appliqués.
Ethereum : une mise à jour majeure qui ne règle pas tout
Nous avons vu que la mise à jour Etherem « The Merge » va marquer l’histoire du monde des crypto monnaies en plus de celle d’Ethereum.
Cet évènement aura des conséquences sur plusieurs plans, puisque le passage d’une Blockchain de preuve de travail à une Blockchain de preuve d’enjeu augmentera les volumes de transaction réalisables sur le réseau Ethereum, réduira de près de 99 % son coût énergétique et maintiendra globalement le débit des transactions validées au même niveau.
Cependant, certaines limites du réseau Ethereum pourraient demeurer.
Tout d’abord, le coût des transactions est susceptible de rester assez élevé. De plus, plusieurs spécialistes et critiques du réseau pointent les risques de centralisation juridique ou informatique de la Blockchain. Cela représente un important argument pesant sur la sécurité du réseau – bien que la direction d’Ethereum assure le maintien de cette dernière avec la nouvelle Blockchain.
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Author: Benjamin Ashley
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